samedi 15 août 2015

Baise-moi, Virginie Despentes

Après Un tout petit rien, passons du coq à l'âne, c'est ça qui est fun!
Je dois m'atteler bientôt à Vernon Subutex (chaudement recommandé par Nombre Premier), mais en voyant le succès du petit dernier de Virginie Despentes, j'ai réalisé avec horreur que je n'avais lu d'elle que Bye Bye Blondie, et même pas ceux qui lui ont valu ses lettres de noblesse, Baise-moi et Les Jolies Choses.
Bien déterminée à rectifier le tir, je me suis donc précipitée lors de mon dernier passage à la bibliothèque sur celui dont le titre parlait le plus à mon côté fleur bleue romantique.

(Mon rosier a fait une fleur. Je suis ravie)

Donc, Baise-moi.


Le synopsis, pour commencer : deux femmes, Nadine et Manu, se rencontrent par hasard après s'être chacune rendue coupable d'un crime du genre qui ne rend pas les jurés bien disposés à votre égard dans un tribunal. Elles partent en cavale toutes les deux à travers la France, laissant sur leur passage cadavres, cyprine et débris de bouteilles de whisky.



Le style est singulier, très direct et très vivant. L'auteur ne passe pas par quatre chemins, ses protagonistes, sortes de Thelma et Louise à la française, tranchent nettement avec les protagonistes bien-pensants et bienfaisants dont on a l'habitude dans la plupart des romans que l'on lit, et qui sont sans doute plus lisses (en même temps, la catégorie "plus lisse" que Baise-moi doit regrouper 99% des livres existants).
Le premier chapitre donne le ton, puisque l'on a droit à la description d'un film porno allemand des années 90 (joie). Il est confondant de voir que l'on s'habitue vite aux protagonistes, qui sont pourtant très particulières, avides de sexe, d'alcool, de violence si on les emmerde (dans cet ordre). Le duo qu'elles forment a même quelque chose d'émouvant. Mais ne nous racontons pas d'histoires : ce n'est pas un roman que l'on lit pour être ému. L'expérience est déconcertante, mais pas désagréable; en ce qui me concerne, l'écriture de Despentes, qui m'avait paru plus complexe dans Bye Bye Blondie, me plait bien, et le tout, visuel, fonctionne bien : on s'imagine sans difficulté les scènes rapportées, et il y a à la lecture quelque chose de brut qui se dégage, que l'on ne trouve pas partout.

En bref : le titre est racoleur, et le contenu à la hauteur. Amis lecteurs friands de poésie et de pudeur, passez votre chemin. Pour le reste, c'est une expérience de lecture assez unique pour ma part.



  • Vous ne savez pas trop l'effet que ça fait sur une femme quand vous dégainez la capote. La réponse va vous plaire (en vous souhaitant des réactions moins radicales lors de vos prochains ébats) (pour rappel le livre date de 1993. Aujourd'hui, tout le monde se couvre, hein).
  • Vous en avez marre de toutes ces histoires qui se ressemblent au vocabulaire galvaudé, ce que vous voulez, c'est du réel, du crû, de la semence et des hémoglobines.



"_Jamais j'aurais cru qu'il était comme ça. On avait super bien discuté, je comprends pas pourquoi il rappelle pas. C'est dégueulasse, comment il s'est servi de moi.
Servi d'elle. A croire qu'elle a le con trop raffiné pour qu'on lui fasse du bien avec une queue."

"Il n'y a strictement rien de grandiose en elle. A part cette inétanchable soif. De foutre, de bière, ou de whisky, n'importe quoi pourvu qu'on la soulage."

"Elle tire une fois, à bras tendu. Ça lui secoue l'épaule, ça fait un bruit d'enfer. C'est moins spectacle qu'au cinéma. La tête qui explose, il tombe en arrière. N'importe comment, on dirait qu'il ne sait pas s'y prendre. C'est pas pareil qu'au cinéma."

"_Y'a un truc spécial que t'as envie de faire, toi? Un truc que tu voudrais absolument voir avant de crever?
Nadine réfléchit un long moment et répond :
_Du sexe avec un trav, ça me dirait bien. Mais on peut pas dire que j'y tienne énormément non plus.
_Sur la chaise électrique, ils apprécieront sûrement l'extrême délicatesse de tes dernières volontés."



3/5 
(cool)

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