dimanche 16 août 2015

Blue Bay Palace, Natacha Appanah

Celui-ci, je l'ai vu distinctement me faire la cour, avec sa première de couverture aguicheuse aux tons bleutés, cette sulfureuse allitération en A (6 dans le nom de l'auteur, trois dans un titre de 13 lettres), et l'évocation d'un lieu aussi exotique que cool : Blue Bay Palace...


Comme, en plus, il est minuscule (125 pages), cela aurait été du vice de m'en détourner.




Maya a grandi a Blue Bay, un coin reculé de l'île Maurice.
A 16 ans, elle vit avec sa famille dans une rue délabrée, ses yeux pétillent lorsqu'elle entend le nom de villes comme Mahébourg, et pour le reste, elle est, selon ses termes, une adolescente ordinaire, à lire Paris-Match et Gala, à chantonner le générique de Titanic, et à rêver au premier baiser.

Lorsqu'elle rencontre Dave, elle s'éprend de lui sur le champ. Il est plus âgé, il est élégant et, à ses yeux, il est prodigieusement beau. Ce qu'elle apprend encore, c'est qu'il est l'héritier d'un grand entrepreneur, et qu'il est en réalité le patron de son propre père.
Mais cela est secondaire pour elle. Il est son grand amour, à n'en pas douter.
Pendant deux ans, ils vivent une passion dévorante non loin du regard consentant de sa famille qui voit en cette idylle l'occasion inespérée d'une ascension sociale.

Jusqu'à ce que la réalité la rattrape.


Bon j'essaie de ménager la chute, mais en clair, ce n'est pas à une bluette que l'on a affaire.
La mise en place de l'intrigue est rapide, et l'on suit Maya sur trois années, durant lesquelles on la voit s'épanouir puis se flétrir sous le coup de la révélation qui vient couper court à sa romance.
Peu à peu, elle devient obsédée, irrationnelle, elle sombre dans la démence, le genre de démence qui ne peut être causé que par une passion dévastatrice et fusionnelle.

Ma première impression, c'est que le livre est court (ma perspicacité m'étonnera toujours).
Un peu trop à mon goût pour que l'on ait le temps de s'attacher aux personnages, de créer un lien avec eux, et d'être foudroyé par la descente aux enfers de Maya.

Par ailleurs, il est aussi inégal. Il y a des passages très bien écrits qui m'ont transportée, et d'autres qui ne m'ont pas paru à la hauteur.

J'ai donc un sentiment global mitigé, la plume et l'idée me semblent prometteuses, mais ne parviennent pas à faire du roman une pépite brute, comme je l'entrevoyais lors des premières pages.


Vous êtes persuadé qu'il n'y a que Kate Middleton qui s'en tire bien comme roturière avec un prince et un happy ending.


"Je me suis redressée brusquement et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre mes seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait lentement, lentement..."

"C'est facile de mourir à Blue Bay. Il suffit, un lundi matin par exemple, quand il n'y a personne à la plage, que je descende le long du sable et que je marche dans la mer. Je sais que plus loin, vers la jetée, il y a un courant venu des brisants qui aspire pour ne jamais rendre. Je saurai où le trouver. A cet endroit, la surface de l'eau est toujours brouillée, comme si elle souffrait de l'intérieur. Ça prendra dix minutes à peine."


2/5
(pas mal)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire