samedi 26 septembre 2015

A moi seul bien des personnages, John Irving

Je dois confesser une lacune notable.
Je n'ai jamais lu Irving.
A la faveur de quelques jours en Suisse, la fâcheuse situation a été rectifiée. Et, au vu de ce premier ressenti, m'est avis que John va devenir ma nouvelle marotte.



Le synopsis

William, alias Billy parce que, bien sûr, on est aux Etats-Unis, nous raconte son parcours et la difficile acceptation de soi, depuis la découverte à l'adolescence de ses penchants bisexuels dont il ne sait que faire, jusqu'à l'âge adulte où il parvient à les assumer et à les vivre sereinement. On croise les personnages qui ont revêtu pour lui une importance, ceux qui lui ont inspiré du désir, ceux qui l'ont rejeté, ceux qui l'ont épaulé. Parmi eux, Miss Frost, bibliothécaire d'âge mûr qui l'éblouit en l'initiant à la littérature, et pour qui il nourrit une passion secrète, son amie Elaine, qui entretient comme lui un béguin pour Kittredge, un lycéen extraverti et déroutant, son grand-père qui monte des pièces de théâtre dans lesquelles il se plaît à se déguiser en femme, sa mère prude qui ne peut supporter d'entendre parler de sexe, son père absent, et d'autres encore qui gravitent autour de Billy et assistent à son évolution graduelle.


Mon avis

L'écriture d'Irving est un tourbillon, on se laisse porter par la succession d'anecdotes, son humour, et ce en dépit de la distance qu'il met parfois entre le lecteur et les personnages.
La trame à certains égards peut, partant, paraître décousue, du fait d'allers et retours entre le temps présent du roman et différentes époques du passé, renforcé par les allusions à certains développements à venir qui créent un effet d'anticipation mais peuvent aussi ruiner toute surprise.
Pour ma part, j'ai été plutôt convaincue par l'ensemble, et par la réflexion bien sûr autour de l'identité sexuelle qui imprègne l'intrigue dans son intégralité, au point parfois que cela puisse interpeller : les personnages ne rentrent dans aucun schéma classique, y compris Kittredge, qui pourrait incarner un profil type d'adolescent hétérosexuel, et révèle pour finir un visage inattendu.
L'ironie du ton ne gâche rien, et donne parfois de la légèreté à ce qui n'en a pas forcément par ailleurs.


Pour vous si...
  • Vous êtes fan de Shakespeare ou Ibsen
  • Vous vous demandez ce que diantre peut être un soutien-gorge d'entraînement
  • Les défauts d'élocution vous ravissent

Morceaux choisis

"Pour le moment, sachez seulement que j'ai beaucoup de difficultés à dire "pénis" qui, avec mon élocution torturée - quand je parviens malgré tout à le prononcer -, devient "pénif", comme dans "canif", pour vous donner une idée."

"A vrai dire, elle me donnait l'impression de juger que, avec tous les livres que contenait la bibliothèque, le fait d'en relire un était une perte de temps immorale."

"Nous traversions l'Italie lorsque Emma (Bovary) s'empoisonna." 

Note finale
4/5
(très bon)

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