samedi 19 septembre 2015

Le premier été, Anne Percin

Comme souvent, je ne me souviens plus vraiment comment j'ai entendu parler du livre d'Anne Percin, Le premier été. Toujours est-il qu'une fois qu'il était là, il fallait bien en faire quelque chose.
Et voilà.

La Thé Box de septembre a livré ses secrets!

Le synopsis

La narratrice, Catherine, s'adresse à sa soeur, son aînée de 18 mois, celle que l'on a pris un temps pour sa jumelle. Elle lui raconte l'été de ses seize ans, qu'elles ont passé ensemble à Sainte-Marie, dans le village de leurs grands-parents.
Cet été-là, elle a vu sa soeur s'éloigner graduellement, prise dans une romance d'été condamnée à demeurer sans lendemain, et accablée du sentiment d'être laissée-pour-compte.
Un jour de forte chaleur, elle part vagabonder seule dans les champs puis les bois, où elle fait une rencontre inopinée qui aura une inflexion singulière sur le cours de sa vie, et la conduira à se découvrir un visage qu'elle aurait sans doute préféré ne jamais connaître. 


Mon avis

Difficile de retranscrire dans un synopsis ce qui se dégage de ce roman.
En un mot comme en mille, j'ai été subjuguée.
Pas instantanément, je vous l'accorde, il y a même eu un moment où j'ai douté : mea culpa Anne, je suis ensuite complètement revenue sur cette éphémère position, ce moment de faiblesse.
Il y a dans le récit un travail précis de reconstruction d'un contexte particulier, au point parfois que les détails très connotés peuvent paraître superflus, mais ils contribuent finalement au cadre global.
Puis, il y a la trame, qui ne se dévoile pas immédiatement, qui flotte un moment avant de venir s'insinuer et prendre le lecteur presque par surprise, pour déverser alors toute sa sensualité, sa vérité, et bientôt, son venin.
Ce n'est pas une romance légère, l'histoire d'une amourette de jeunesse : la réflexion de l'auteur autour du désir adolescent ne m'a pas laissée de marbre, ni la façon dont les normes sociales peuvent venir le brimer, l'altérer, et pour finir, le briser.
Il y a de la cruauté dans les souvenirs de la narratrice, qui est farouchement enracinée dans la réalité, et qui se ressent d'autant plus qu'elle se refuse la moindre complaisance, et offre une vision d'elle-même sans filtre.
Cette lecture m'a donc confrontée à un flot d'émotions aussi puissantes que diverses, il y a bien sûr l'émulation amoureuse, une certaine pureté animale qui se dégage par exemple de la rencontre initiale, la dualité à travers les figures des deux sœurs, qui évoluent chacune de leur côté jusqu'à ce que la cassure irrémédiable les isole, les sentiments exaltés, la curiosité de l'autre, et puis aussi, la honte, cette honte mortifère, dévorante, incapacitante, le rejet, et pour finir, la tristesse sans fond.
Une lecture très troublante, en conclusion.


Pour vous si...
  • Vous êtes nostalgique de vos seize ans, et il vous est peut-être arrivé de crapahuter dans les bois.
  • Vous êtes sensible à la question de l'impact du regard social sur le choix amoureux, sur le désir: c'est incontestable, tout le monde n'assume pas ses inclinations, et c'est bien triste.
  • Chaque fois que vous vous baladez en forêt en solitaire (ce que je vous souhaite), une partie de vous espère invariablement tomber sur une bonne surprise (évidemment dans la réalité vous ne tombez que sur des mauvaises, y'a de ces trucs dégueus dans ces coins-là des fois...).

Morceaux choisis

"Oui, j'ai une de ces mémoires. Une de celles qui ne laissent pas de zones d'ombre et aucune place au doute.
Une mémoire cruelle."

"Toi, de l'autre côté de la barrière invisible qui sépare les gens qui aiment de ceux qui n'aiment pas."

"Il n'a rien de ce que je pourrais désirer chez un garçon - et je ne sais même pas ce que c'est, ce que je désire. Ça n'a pas d'identité, pas de nom.
Mais ça a un corps."


Note finale
5/5
(coup de coeur)

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