vendredi 11 septembre 2015

San Miguel, TC Boyle

De nouveau, j’oeuvre, à la veille de la fête de l’Huma, pour la paix intellectuelle et le sentiment de progrès, en ayant sélectionné pour ma dernière lecture un petit de ma PAL, San Miguel. Et hop, un de moins!
Je me suis rendue compte à la toute fin de ma lecture que l’auteur, TC Boyle, ne m’était pas complètement inconnu, puisque j’ai découvert de sa plume l’an passé le perturbant Cercle des initiés.
San Miguel, c’est tout autre chose, et ça fait toujours plaisir, au passage, de voir qu’un auteur peut se réinventer entre deux oeuvres au point qu’elles soient absolument dissemblables dans les thèmes évoqués (bonjour Guillaume Musso, oui, cette pique t’est directement adressée!).


Le synopsis

Lorsque son mari Will dépense leurs dernières économies pour acheter un lopin de terre sur une île au large de la Californie, Marantha, atteinte de tuberculose, songe que sa maladie va enfin se résorber sous l’effet bénéfique du climat de l’île. Une fois sur place, elle découvre que la maison qui les attend est crasseuse, et que l’île est balayée par les vents, loin de la chaleur qu’elle escomptait y trouver. Tandis que son état se dégrade, Will s’acharne dans son entreprise. Un demi-siècle plus tard, c’est au tour de la famille Lester de venir s’installer sur l’île avec des espoirs similaires.


Mon avis

Une bonne surprise!
TC a un style, il faut le lui reconnaître. Le récit prend, sans s’embourber, et il a de la profondeur. Le roman est divisé en trois parties, chacune dédiée à l’une des trois femmes qui se sont succédées sur l’île : Marantha, Edith, Elise.
Le rapport à la terre et la confrontation aux désillusions sont omniprésents: il est intéressant de découvrir le parcours des deux familles qui sont venues sur l’île animées des mêmes chimères, et qui découvrent que le quotidien n’est pas celui qu’elles avaient escompté : TC Boyle raconte la solitude, la terre, l’élevage, ce rapport étrange qui se noue avec l’extérieur, le sentiment d’une liberté singulière, loin de la société, mêlé à celui d’être prisonniers de l’île, isolés du continent où se trouve l’avenir, l’éducation, le médecin... Et, bien sûr, la façon dont cette promiscuité insolite affecte les liens familiaux. En conclusion, une fresque intéressante!


Pour vous si...
  • Vous n’avez pas trop confiance dans la nature en général, et ces pauvres fous qui clament le retour aux sources en déplorant l’environnement urbanisé et connecté vous laissent sceptique
  • Vous trouvez que la mention de la tuberculose – cette maladie d’une autre époque – confère à tout récit une dimension ineffablement romantique
  • La mort d’un canasson vous laisse insensible

Morceaux choisis

"Marantha ne savait trop à quoi elle s'était attendue, une masure pittoresque, envahie de lierre, sans doute, tirée de Constable ou de Turner, des haies, des parterres de fleurs, une jolie barrière, bref, une chaumière, or il s'agissait de tout autre chose." (Marantha n'a visiblement jamais vu un tableau de Turner de sa vie - hormis ses œuvres de jeunesse qui sont aussi les plus méconnues, bon courage pour trouver une jolie chaumière dans ses paysages marins). 

"Il existait une sympathie mutuelle entre eux : ou non, plus exactement, il passait entre eux un courant aussi puissant et remuant que tout ce qu'une bobine et un fil de cuivre pouvaient générer."


Note finale
3/5
(cool)

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