jeudi 17 décembre 2015

Orfeo, Richard Powers

De nouveau, cette lecture est le fruit d'une impulsion subite à la bibliothèque. Je me souvenais vaguement d'avoir vu le titre, Orfeo, se balader parmi les livres de la rentrée de septembre, sans trop me rappeler toutefois des commentaires de ses premiers lecteurs. Qu'à cela ne tienne, je me suis jetée dans l'aventure sans lampe frontale ni garde-fou.






Le synopsis
Le protagoniste, Peter Els, est passionné (voire obsédé...) par la musique et la chimie. Dans sa vie, ces deux champs s'entrecroisent, et se déclinent dans chaque aspect de son quotidien. Lorsque, parvenu à un âge avancé, sa vieille chienne Fidelio passe l'arme à gauche (j'espère que vous appréciez l'emploi de l'expression pour un chien, et que vous visualisez la scène), cela déclenche une série d'événements qui vont bouleverser les activités de Peter et l'obliger à prendre la fuite.


Mon avis

La lecture d'Orfeo est toute une expérience. Tout d'abord, plus de la moitié du texte est constituée des pensées des protagonistes, inscrites en italique, ce qui rend parfois la compréhension ardue, d'autant plus que le vocabulaire, toujours relatif au domaine musical, est sophistiqué, goûtu.
Le protagoniste demeure pour moi un mystère, un homme étrange, presque névrosé, un génie quasiment autiste, mal disposé aux relations humaines, ou en tout cas un homme qui nourrit des relations singulières avec ses pairs, avec les femmes, avec sa fille.
Le récit est riche, dense, parfois un peu écrasant sans doute. C'est un roman ambitieux, voilà qui est certain, et l'on peut, par inadvertance, perdre le fil sans même y prendre garde.
J'ai aimé plonger dans un univers où tout est musique, ou tout se traduit en langage, en équivalences musicales, cependant je dois aussi reconnaître que certains passages digressifs ont manqué de me perdre en chemin, et le lien avec le personnage principal s'établit difficilement, du fait, sans aucun doute, de ses particularités. Intéressant donc, mais pas forcément très accessible.




Pour vous si...
  • Vous avez des tendances synesthésiques
  • Vous rapportez tout le temps tout à la musique, et pour votre entourage, vous êtes une plaie
  • Vous êtes capable d'apprécier les livres un peu particuliers qui ne ressemblent véritablement à aucun autre (sortes d'objets littéraires non identifiés)
Morceaux choisis

"Comment va ta mère? demanda-t-il.
Elle a une page Facebook, papa. Tu peux l'espionner là-dessus." (Richard appelle un chat un chat, et ne nous voilons pas la face, Facebook est bien avant tout un outil d'espionnage)

"Sa femme était encore si présente dans ses habitudes qu'il peinait à croire qu'ils vivaient séparés depuis quatre fois plus longtemps qu'ils n'avaient été ensemble."

"Quelque chose monta en lui, à travers la fatigue : le mouvement perpétuel et spiralé du finale de Bartók. Il était rempli de fierté pour cette remarquable jeune femme, sa seule composition parfaite, même s'il ne pouvait guère s'attribuer le mérite de l'oeuvre achevée." (coeur avec les doigts <3 Mon paternel aussi a une seule composition parfaite : sa cave à vin)

"Les paroles sinuent comme une rivière languissante. Mais bientôt, un tourbillon d'harmonies instables pousse ce bruissement vers de plus vastes contrées. Cette musique, vieille de six ans, pourrait en avoir cent. Elle est infusée de Mahler dans son humeur la plus sereine. Les rares dissonances qu'elle tolère sont diaprées et éphémères, comme si les terreurs mises au point par le siècle passé ne changeaient rien et que même à présent, même en cette année, notre berceau pût encore être intact et plus proche qu'on ne le croit." (true story, le roman est principalement fait de palabres de cet acabit)


Note finale
2/5
(pas mal, mais chelou quand même)

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