jeudi 3 décembre 2015

Pendant ce temps-là, dans les musées parisiens...

Les musées m'ont toujours paru en hiver particulièrement chaleureux (par rapport aux quais de Seine, par exemple, que je considère pourtant l'été comme une dépendance certes éloignée mais incontestable de mon appartement - qui ne m'appartient d'ailleurs pas).

Je vous propose donc un petit aperçu de ce que j'y ai vu dernièrement, dans l'éventualité où vous songeriez vous aussi à aller vous y retrancher (en d'autres temps, je n'aurais pas hésité à préciser qu'il s'agit par ailleurs d'une planque géniale en cas d'attaque de zombies / guerre nucléaire / autre épisode impliquant la recherche désespérée d'un coin tranquille, mais 2015 aura au moins eu le mérite de m'ôter cette idée préconçue).

Si vous êtes plutôt d'humeur coquine :

L'exposition Eros Hugo se tient en ce moment à la maison de Victor Hugo, place des Vosges (un coin qui craint un peu, Victor était du genre à s'installer dans la zone).
Mêlant poétiquement les croquis, les représentations, les extraits de la correspondance du maître et ceux de ses plus grands romans, elle établit un parallèle intéressant entre l'érotisme absent de son oeuvre, et celui qui a mouvementé sa vie personnelle (marié à Adèle, amant de Juliette Drouet, et il les a allègrement trompées toutes deux tout au long de sa vie - quel Casanova, ce Victor).
Figurez-vous que je n'avais jamais mis le doigt sur cette fausse pudeur de mon idole de tous les temps.
En effet, et l'exposition le montre à merveille, l'amour imprègne l'oeuvre d'Hugo, sous toutes ses formes : l'amour pur, l'amour passionnel, l'amour filial, l'amour satanique, il y en a pour tous les goûts. Mais d'érotisme, point, la tendance à l'époque n'étant pas à son acmé historique, en dépit des tentatives audacieuses de certains de ses contemporains (Hugo écrit son premier roman en 1818, quatre ans à peine après la mort de Sade).
Les petits dessins auquel s'adonne Victor (car ceux qui ont déjà vu une des expositions qui lui ont été consacrées savent qu'il était loin d'être mauvais dans le domaine) sont particulièrement explicites et évocateurs.
Une réflexion instructive, et qui questionne avec intelligence les échos que l'on peut trouver (ou pas, dans le cas présent) entre la vie d'un auteur et son oeuvre.




Si vous êtes plutôt d'humeur sérieuse hyper connectée à l'actualité :

Le Musée de l'histoire de l'immigration expose Frontières.
Soyons francs : je n'étais pas à 100% de mes capacités quand je m'y suis rendue, mon appréciation s'en verra donc naturellement amoindrie.
On aborde tout au long du parcours la situation des migrants autour des territoires dont les frontières cristallisent des situations critiques (le Bangladesh et l'Inde, le Mexique et les USA, ...), au moyen de témoignages (carnets, lettres, vidéos...), et surtout de photographies levant le voile sur la réalité et le quotidien souvent sordide de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui ont le plus souvent tout perdu en fuyant leur pays.



L'exposition se termine sur cette installation, je ne sais pas trop ce que c'était.


En bref, je crois que l'expo était très bien, mais je ne peux malheureusement pas vous en dire plus.
Le mystère reste entier.




Si vous êtes plutôt d'humeur guillerette et joueuse :  

Au Jeu de Paume, les portraits de personnalités politiques et artistiques pris par Philippe Halsman ornent les murs dans le cadre de l'exposition "Etonnez-moi" (ces mots prêtés à Diaghilev lorsque Cocteau lui a demandé ce qu'il devait faire pour pouvoir travailler avec lui - j'envisage sérieusement d'employer le même stratagème quand mes voisins viendront me demander ce qu'ils doivent faire pour que j'arrête de chanter à tue-tête le soir à 23h), qu'ils soient "classiques", ou qu'ils fassent partie de son projet de "jumpology", cette théorie élaborée par lui-même selon laquelle photographier quelqu'un en train de sauter dans les airs permet de révéler sa véritable personnalité, et de la capter sur pellicule.
Le mythe veut que, sachant cela, Marilyn Monroe se soit soustraite à l'engin d'Halsman (son appareil photo, s'entend) des années durant, avant de se soumettre courageusement à une séance de 200 sauts qui ont valu quelques clichés devenus légendaires.
La dernière section de l'exposition est consacrée à la collaboration d'Halsman avec Dali, illustrée par une vidéo étonnante dans laquelle Dali pourrit gaillardement Piet "Niet" Mondrian en montrant qu'on peut réaliser une oeuvre d'art contemporaine de manière "mécanique" et avec le concours d'une moto, de cochons et d'une fille gigoteuse. Voilà voilà (ça dure bien quinze minutes cette petite séquence).
Exception faite de ce moment de flottement, l'exposition est donc distrayante et honnête, et il est toujours amusant de voir les bobines de tous les grands noms du XXe siècle à travers l'objectif de Philippe.



D'autres expos qui sont toujours sur ma To do, et que j'espère honorer d'ici leur clôture : Scorsese à la Cinémathèque, Warhol au MAM, la calligraphie japonaise à Guimet, et l'estampe au Petit Palais. Réjouissant!

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