samedi 26 décembre 2015

Une dernière danse, Victoria Hislop

Il y a des lectures qui sont consignées aux vacances, au point que l'on n'oserait pas ouvrir un de ces volumes en dehors de ces périodes précieuses circonscrites dans le temps.
En ce qui me concerne, c'est le cas des romans de Lionel Shriver, et, plus récemment, de Victoria Hislop. Je me souviens avoir découvert L'île des oubliés il y a précisément un an, et Le fil des souvenirs l'été dernier, une lecture toute indiquée pour supporter la canicule.
Une dernière danse s'est donc naturellement imposée pour passer en douceur Noël en famille.



Le synopsis

A Grenade, Sonia, jeune anglaise de passage, fait la connaissance de Miguel, un vieil homme tenancier d'un café familial, El Barril. A sa demande, il lui raconte l'histoire de la famille Ramirez, foudroyée dans les années 1930 suite à l'arrivée de Franco au pouvoir, qui va avoir des répercussions terribles sur la ville et leur destin. 

Mon avis

Sans surprise, un Victoria Hislop comme on les connaît.
Une dernière danse nous raconte l'histoire d'une famille, sur fond de guerre civile et de tragédie humaine - tout ce que Victoria adore et brille à raconter.
J'ai été peut-être un peu moins enthousiasmée qu'à la lecture de ses deux prédécesseurs, mais enfin, j'imagine que cela a à voir avec l'effet de surprise qui va s'estompant lorsque l'on réutilise une recette désormais éprouvée.
Comme dans ses autres romans, on retrouve des personnages parfois un peu grotesques, et en tout cas détestables, Victoria n'échappant pas à un certain manichéisme à l'heur de donner corps à ses protagonistes : ainsi le mari de Sonia, James, un bonhomme égoïste et autoritaire dont on se complairait à le voir tomber dans une cuve d'acide bouillant. Mais enfin, le tout est par ailleurs assez rondement mené et l'intrigue avance d'un pas assuré jusqu'à la petite chute finale, mignonne à souhait, sans être complètement attendue.
Le roman est, en fin de compte assez fidèle à l'oeuvre de Miss Hislop, et se lit comme on mange un cookie à 4h : avec une douce sérénité, sans défi, mais sans déplaisir non plus. 


Pour vous si...
  • Vous vous intéressez à la période franquiste en Espagne : Victoria relate les faits historiques à merveille, ça passe crème
  • Vous résistez dignement à la tristesse des histoires d'amour manquées (auquel cas vous avez mon admiration éternelle)

Morceaux choisis

"Quelques semaines seulement avant son quarantième anniversaire, James "revit ses priorités". Il lui fallait quelqu'un pour l'accompagner à l'opéra, aux dîners, pour porter ses enfants. En d'autres termes, il voulait se marier. Elle n'en avait peut-être pas eu conscience pendant des années, mais Sonia avait fini par comprendre qu'elle l'avait gentiment aidé à barrer un élément sur sa liste de choses à faire."

"Grenade était comme une cocotte-minute dont le contenu était sur le point de bouillir."

Mesdames et Messieurs, voici la belle, la mirifique, la légendaire Grenade. 
Attention aux patates bouillantes qui ne demandent qu'à voguer vers de meilleurs horizons.
Certains auteurs ont un sens aiguë des comparaisons.

"Dans les poches de son manteau se trouvaient les seuls biens en sa possession désormais : un sac de lentilles et une demi-miche de pain dans l'une, ses chaussures de danse et la photographie de Javier dans l'autre". (Je vous laisse imaginer la taille des poches... La nana est en fuite et peut caler dans ses poches l'équivalent d'un bagage cabine. Comme pour Oscar Wilde, des variantes intéressantes sur les poches des gens en fuite sont à imaginer : 
"Dans les poches de son manteau se trouvaient les seuls biens en sa possession désormais : son ordinateur, des dinosaurus, deux bouteille de coca et sa table basse"
ou
"Dans les poches de son manteau se trouvaient les seuls biens en sa possession désormais : une orchidée, sa collection de papillons sous verre, un vibromasseur et de la jelly anglaise - le grand retour de la jelly anglaise"
ou 
"Dans les poches de son manteau se trouvaient les seuls biens en sa possession désormais : les cendres de son grand-oncle, son piano à queue, des côtelettes d'agneau et des figurines de super-héros.")

"Etre contraint de bâtir un mémorial à ses ennemis est d'une grande cruauté, déclara Pablo. Et de très mauvais goût."

Note finale
2/5
(pas mal)

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