jeudi 7 janvier 2016

Les faux-fuyants, Françoise Sagan

J'ai fait il y a quelques jours un constat foudroyant (vous appréciez, j'espère, mon sens de la nuance) : de Sagan, je n'ai lu que Bonjour tristesse et Aimez-vous Brahms? 
Un constat peu glorieux, donc, quand on pense à l'oeuvre abondante de l'auteur d'une part, et au fait qu'elle est née à Cajarc, d'autre part.
Partant, ce n'est que devoir de ma part que de prendre connaissance de ses autres productions.
J'ai commencé l'entreprise avec Les faux-fuyants.



Le synopsis

En juin 1940, quatre membres de la haute société parisienne fuient la capitale en direction du Portugal lorsqu'une attaque des Stukas allemands les obligent à trouver refuge dans une ferme de la Beauce. Loin de leur environnement privilégié et contraints de participer aux travaux du domaine pour bénéficier de l'hospitalité des paysans qu'ils méprisent, ils se retrouvent face à leurs contradictions et à la réalité de la vie rurale. 

Mon avis

Les faux-fuyants m'ont réservé une sacrée surprise : le style est foncièrement différent de ce que j'avais trouvé dans les autres romans de Françoise!
Et pour cause : celui-ci regorge de sarcasmes qui donnent au récit son ton singulier, mordant, toujours empreint d'ironie.
Les personnages sont ainsi appréhendés par le biais de leur position sociale, et rapidement, de l'image et de l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes, des jugements qu'ils portent sur les autres, de paradoxes irréconciliables et aussi parfois, de leur mesquinerie, voire de leur ridicule.
L'auteur ménage avec talent la progression de l'intrigue, on est parfois à deux doigts du vaudeville (Maurice s'introduisant la nuit dans la chambre de Loïc et Diane, c'est tout un poème), et le décalage entre le rang social des protagonistes et leur franche inaptitude à la survie dans un milieu où il faut travailler pour subsister est hilarant et bien vu.
Pour finir, on en vient même à s'attacher à ces êtres tout pétris de leurs certitudes, et qui se retrouvent à faire preuve de tout ce qu'ils ont de bonne volonté, à se remettre en cause, presque.
Le récit est riche, on pourrait croire à une analyse quasiment sociologique, mais l'humour vient donner de la légèreté à ce huit clos insolite.
Je n'ai qu'une hâte : poursuivre ma découverte de l'oeuvre de Françoise!


Pour vous si...
  • Vous saisissez l'ironie (je préfère le dire, parce que j'ai l'impression que certaines personnes sont proprement incapables de l'identifier y compris dans une conversation légère)
  • L'observation de la vie dans les microcosmes sociaux figure parmi vos occupations favorites

Morceaux choisis

"Il vous dit bonjour, expliqua Maurice, mais comme il n'a plus de dents, ça fait "beju". Faut lui répondre, hein, autrement il va être fâché."

"En ne jetant ses cocoricos que peu avant l'heure fixée pour le petit déjeuner, le coq des Henri fit preuve le lendemain matin, pensa Loïc, d'une compassion et d'un bon sens rarement observés chez les gallinacées."


Note finale
4/5
(excellent)

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