mercredi 6 janvier 2016

Mon hiver à Zeroland, Paola Predicatori

Encore un choix aléatoire, décidé par une envie irrationnelle de lire un roman plutôt young adult, et vu l'âge de la protagoniste, je me suis dit que ce serait parfait.
Et oui, il y a des jours comme ça (Luciiiiiiiie Lucie dépêche-toi.....).
C'est comme une envie soudaine de gnocchis (sentiment dont je suis également familière), ça ne se réprime pas.
Comme disait Oscar, le seul moyen de se délivrer d'une tentation, bla bla bla.



Le synopsis

Alessandra a 17 ans, et elle vient de perdre sa mère, décédée d'un cancer.
Le récit rapporte son quotidien durant l'hiver qui suit cette perte.
En effet, de retour au lycée, elle ne peut se résoudre à accepter la compassion de ses camarades, et pour s'isoler, décide de se rapprocher du paria de la classe, Gabriele Righi, alias Zero.
Entre eux commence à naître un drôle de lien (quand je dis drôle, c'est pas vraiment poilant, hein, vous avez compris). 

Mon avis

Il y a dans Mon hiver à Zeroland à la fois beaucoup de tendresse et de fermeté. Contrairement à d'autres romans qui parlent du deuil et ayant des protagonistes adolescents, la douleur de la perte d'un proche est traitée ici avec une sorte de réalisme : l'auteur ne cherche pas à nous faire croire d'entrée de jeu que la vie continue, que l'on surmonte de telles épreuves.
Dans la vie, c'est bien souvent le cas, c'est certain, pour autant, durant la période qui succède au décès, durant les mois qui suivent, ce n'est pas, je crois, le sentiment qui prévaut. Ainsi, les pensées noires d'Alessandra reflètent la solitude, la nostalgie, le manque de sa mère avec une certaine finesse, ce qui permet d'appréhender les ambivalences dans ses préoccupations.
L'importance que prend bientôt Gabriele dans ses réflexions pourrait être interprétée comme une légèreté improbable, mais il m'a semblé au contraire que le changement dans la vie d'Alessandra et dans son état était graduel, parfois à peine perceptible, ce qui le rendait crédible.
J'ai naturellement comparé mon ressenti à celui que j'avais eu à la lecture du très mauvais Les gens heureux lisent et boivent du café, dont je ne manque jamais une occasion de dire du mal, car le contexte peut le rappeler : dans le roman-navet d'Agnès Martin-Lugand, la protagoniste perd subitement son époux et sa petite fille, et le roman est l'histoire de sa reconstruction. Mais, dans ce roman-là, j'avais justement déploré la frivolité et la superficialité de la protagoniste qui était bien prompte à s'interroger sur son ténébreux voisin là où on l'aurait imaginée éplorée et détruite (comme n'importe quel être humain normal, quoi).
En bref, Paola s'en tire très honnêtement à mon sens, et la comparaison avec le roman d'Agnès est tout à son avantage.
Certes, il n'y a guère de surprise dans l'issue finale, mais ce n'est pas la surprise que l'on vient quérir dans ce genre de livre, n'est-ce pas?


Pour vous si...
  • Vous aimez la douceur des récits de convalescence, de reconstruction

Morceaux choisis

"Quand on aime quelqu'un, on en prend soin. Peut-être ne l'avais-je pas aimée assez, si mon amour avait été à ce point irresponsable?"

"La mort de ma mère m'a transformée en géante : de là-haut toutes les personnes me semblent insignifiantes, identiques."

"Ceux qui disent que la vie continue sont des idiots. Non, la vie s'arrête. Le temps continue, mais la vie s'arrête un nombre incalculable de fois et on perd tous ses repères."

"Même souffrir est une façon de t'aimer, et désormais je sais à quel point je t'ai aimée ; je le sais uniquement quand je suis dans cet état. C'est peut-être idiot, mais parfois je suis convaincue que le bonheur ne nous apprend rien."

"Je ne sais pas pourquoi, parfois j'ai hâte de t'oublier puis, quand quelque chose de toi m'arrive, je m'aperçois qu'il serait stupide de t'oublier vraiment."


Note finale
3/5
(cool)

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