samedi 20 février 2016

Latitude zéro, Mike Horn

L'une des choses que je kiffe le plus dans la lecture, c'est la liberté absolue de passer du coq à l'âne.
Par exemple, de passer d'un récit douloureux sur la disparition d'un enfant, au journal de bord d'un mec qui décide de faire le tour du monde sans jamais s'éloigner de la latitude zéro.
Douche froide et dépaysement garantis.



Le synopsis

Mike Horn décide d'entreprendre un tour du monde en suivant fidèlement la latitude zéro (c'est un peu comme les soirées à thème, c'est toujours plus ou moins fun, visiblement Mike a chopé "latitude 0" au tirage au sort, j'imagine que ça aurait pu être pire... ("faites le tour du monde à cloche-pied", ou "faites le tour du monde sans parler à personne"....)).
Il nous emmène donc dans cette aventure, qui n'est pas de tout repos.


Mon avis

Voici un roman qui va vous donner des sueurs froides, et démystifier la chimère du tour du monde forcément spirituel et romantique.
Avec Mike, on va de galère en galère, et s'il y a une chose qu'il faut lui accorder, c'est que le monsieur est plein de ressources.
Il faut dire que c'est presque un pré-requis, quand on va au-devant de tels déboires...

Reprenons : Mike voyage autour du monde, principalement dans son petit bateau ou dans une pirogue ou à pied, souvent tout seul (et d'ailleurs ça se passe limite mieux quand il est tout seul que quand quelqu'un décide de lui fausser compagnie et se révèle être un boulet), et évidemment il se retrouve à traverser des territoires pas vraiment bien famés, ce qui le conduit à se retrouver dans des situations relativement inextricables, et qui m'ont fait éprouver soudain une irrépressible tendresse pour ma place assise au chaud dans la rame du métro parisien.
Je pense par exemple à sa lente progression en pleine jungle, qui devient encore plus lente quand il se fait piquer par un serpent qu'il n'a même pas vu mais qui dont la morsure le terrasse au point qu'il passe trois ou quatre jours à comater tout seul dans la cambrousse.
Ou alors, en Afrique, lorsqu'il se retrouve aux prises avec des clans locaux sans trop savoir quelle carte jouer pour ne pas être suspecté d'être un espion et ne pas finir sommairement abattu dans un endroit inconnu où son corps ne sera probablement jamais retrouvé.
Forcément, après ça, je me suis sentie un peu douillette en rechignant à aller faire mon jogging hebdomadaire parce qu'il bruinait un peu.

Latitude zéro vous emporte loin de vos zones de confort, vous plonge dans la réalité d'un défi personnel qui n'a rien d'une promenade de santé : il y a, bien sûr, des moments de grâce, un enrichissement fort, mais aussi une tension permanente, des problèmes à résoudre continuellement, avec ce sentiment tenace que, si Mike a du soutien au travers de son entourage qui l'aide à distance (pour obtenir ses visa d'entrée dans les pays, le réapprovisionner à certaines étapes du parcours, etc), sa subsistance dépend en grande partie de lui, de l'énergie déployée au quotidien pour éviter les embûches et trouver des solutions là où semble n'en exister aucune.

Une lecture instructive, en somme, où le style n'est bien entendu pas le critère d'appréciation principal, mais où l'on voyage sans se laisser bercer d'illusions douces, en appréhendant avec pragmatisme les enjeux réels qu'il peut y avoir à mener à bien une entreprise scindée entre ce qu'elle a d'idéaliste en tant que projet, et les obstacles concrets auxquels elle est confrontée.


Pour vous si...
  • Vous avez besoin d'exotisme, mais en même temps sans trop prendre de risques (ie sans mettre le nez dehors)
  • Pour vous sortir du marasme de février, vous aimeriez mettre en perspective vos petits malheurs avec des trucs qui craignent vraiment, histoire de vous dire que vous n'êtes pas si mal lotis (bravo pour la positive attitude, Dieu ou votre boss vous en seront gré)

Note finale
3/5
(dépaysant)

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