dimanche 7 février 2016

Manuel de survie à l'usage des incapables, Thomas Gunzig

Voici aujourd'hui une intéressante recommandation d'une lectrice avertie, dont le titre m'a, comme vous vous le figurez fort bien, immédiatement interpellée. 
Il faut dire que j'ai pu arborer, tout le temps de la lecture, un air satisfait dans le métro avec ce bouquin dans les mains.
Qui a dit que les RH n'avaient pas d'humour?



Le synopsis

Tout commence dans les rayons d'un supermarché.
Martine Laverdure, caissière, n'y est plus en odeur de sainteté, et le DRH, désireux de s'en séparer, confie à Jean-Jean la tâche d'épier Martine jusqu'à la prendre en faute pour pouvoir motiver le licenciement. Jean-Jean découvre bientôt que Martine entretient une liaison avec Jacques Chirac Oussoumo, un employé modèle qui est dès considéré comme un dommage collatéral.
Malheureusement, lors de la convocation de Martine et Jacques Chirac dans le bureau du DRH, les choses dérapent, menant au drame.
En l'espace de quelques heures, la vie de Jean-Jean va être complètement bouleversée, tout comme celle de sa femme Marianne, de la douce Blanche de Castille qu'il vient de rencontrer et au charme de laquelle il n'est pas insensible, tandis qu'il va fuir comme il le peut pour échapper aux quatre loups qui ont juré sa perte.

Mon avis

Truculent!!
J'ai rarement lu un aussi bon récit dans le genre décalé! Parce qu'en dépit d'être absolument déjanté, il est construit avec beaucoup de soin, et l'on se laisse absorber sans résister dans cet univers étrange, qui ressemble tant au nôtre, et qui pourtant dénote à chaque pas.

L'intrigue en elle-même pourrait être banale, cependant l'incongru la rend palpitante : les enfants-loups sont des personnages inattendus, il faut quelque temps pour se faire à l'idée de tels protagonistes. La figure patibulaire de Jacques Chirac Oussoumo est délectable, la lâcheté de Jean-Jean est à mourir de rire, tout comme l'obsession d'efficacité opérationnelle de Marianne, dont les traits sont caricaturaux sans que l'on ne s'en offusque (il faut dire qu'elle partage une partie de son code génétique avec le mamba vert - classe / ou flippant, c'est selon...).

Tout au long de la lecture, des détails s'insèrent dans le récit qui le rendent loufoque, et rendent un contexte au demeurant familier - le supermarché - complètement dépaysant.

L'ensemble, comme vous l'imaginez, ne manque pas de piment, et regorge d'effets comiques qui atteignent leur but. On se plait dans la prose de Thomas Gunzig, et, dans mon cas, on (parler de soi à la troisième personne, c'est si gracieux...) s'impatiente de découvrir la suite, le reste de l'oeuvre, toute autre production qui traduise également ce style si singulier.



Pour vous si...
  • Vous êtes un ardent fan des prénoms improbables : Jean-Jean, c'était un bon début, le récit culmine avec Jacques Chirac Oussoumo, et on se régale bien sûr de Blanche de Castille, et des quatre loups
  • Vous avez votre propre animal totem et déplorez de ne pas vraiment posséder une partie de ses gènes

Morceaux choisis

"Marianne fit demi-tour. Elle arriva devant la porte de l'appartement qu'elle venait de quitter et elle rentra.
Sans hésitation.
Une détermination aussi parfaite qu'un tableau Excel."

"Ses tympans endommagés lui transmettaient le son déformé de cris, de voix d'hommes et de femmes, d'autres coups de feu et une terrible douleur commençait à se faire sentir au niveau de ses jambes. Il se demanda si se cacher sous les sachets de haricots surgelés en conditionnement économique de trois kilos était une bonne idée. Il essaya de ramper jusqu'à eux."


Note finale
4/5
(excellent)

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