lundi 8 février 2016

Opération Sweeth Tooth, Ian McEwan

Le titre intrigue : en français, Opération dent douce littéralement, Opération sucrerie en moins littéral, cela dégage un certain charme. 
Et puis, à ma grande honte, je n'avais jamais lu Ian McEwan, tout ce que je connaissais de lui, c'était l'adaptation cinématographique de son roman Expiation, qui a donné sur le grand écran Atonement (en français Reviens-moi; ne cherchez pas la logique...), avec la fameuse scène de la bibliothèque.
Forcément, la perspective d'Opération dent douce m'a donc toute émoustillée (en plus, c'est une histoire d'agent secret, mon plus grand fantasme depuis l'avènement d'Alias dans ma vie, qui a divisé ma pauvre existence en deux parties : AvA et ApA (Avant Alias, et Après Alias)).
En avant les complots, les missions d'infiltration et les doubles identités!!



Le synopsis

Serena, jeune diplômée de Cambridge au charme avéré par la gente masculine, est recrutée, dans les années 1970, par le MI5. Ses débuts sont toutefois peu prometteurs, jusqu'à ce qu'elle rejoigne l'Opération Sweet Tooth, sur la recommandation de son collègue Max. Il faut dire que l'opération vise à verser des subventions à de jeunes écrivains dont les positions idéologiques s'accordent avec celles du gouvernement, et qu'en tant qu'insatiable lectrice, Serena semble faite pour cette mission.
Elle rencontre ainsi Tom Haley, dont les nouvelles l'ont subjuguée, et dont elle s'éprend rapidement (le jeune homme ne manque pas de répondre à son inclination). Cependant, son double jeu va être de plus en plus difficile à mener, tandis que ses sentiments s'épanouissent comme le mensonge fait à Tom sur la provenance des fonds qu'elle lui procure, alors qu'elle tâche de dissimuler la relation qu'elle entretient avec l'écrivain à sa hiérarchie.


Mon avis

Ce qui est assez marrant, avec Opération dent douce, c'est que l'histoire est celle d'une fille qui pourrait tout à fait être vous ou moi (à la différence près que son père est évêque et qu'elle est canon - ne me demandez pas s'il y a un lien, je manque de données de benchmark pour pouvoir vous répondre). Après tout, elle a étudié dans une grande université, mais en est sortie avec un résultat relativement médiocre, et ne présente guère de qualités remarquables, à l'exception de sa culture littéraire.

Les différentes figures qui jalonnent son parcours sont assez singulières (Tony, Max, puis Tom) : Serena évolue à travers les hommes, à cet égard elle pourrait ressembler à une Bel-Ami moderne, à la différence qu'elle ne se sert pas de ses relations pour parvenir à ses fins, c'est davantage que ses relations ont pour conséquence de lui permettre d'accéder à certains privilèges (le recrutement au MI5, la participation à l'Opération Sweet Tooth...). Finalement, seul Tom semble ne pas "récompenser" Serena pour les faveurs qu'elle lui octroie, du moins jusqu'à la révélation finale, car oui, le roman mène à une chute bien ficelée et percutante.

Il est assez intéressant, d'ailleurs, de réinterpréter tout ce que l'on a lu une fois que l'on a toutes les clefs en main pour sa compréhension : une deuxième lecture ne serait sans doute pas de trop pour saisir l'ambition que l'auteur s'est fixée.

La lecture est fluide et la construction robuste, la cohérence de l'ensemble indéniable, la langue et le style sont maîtrisés, le savoir-faire de l'auteur lui permet de jouer avec le lecteur habilement, sans qu'on ne lui en tienne rigueur.
Opération dent douce est, somme toute, original et surprenant : à découvrir!


Pour vous si...
  • Vous aimez les histoires de livres et d'agents secrets...
  • ...et les figures de femmes espionnes (même si elles sont moins impressionnantes que Mata Hari ou Sidney Bristow)
  • Quant au twist final, c'est votre drogue, votre dope, votre came, votre amphétamine (Caroliiiiine)

Morceaux choisis

"Il fallait se rendre à l'évidence : j'avais un faible pour un certain type d'homme mal habillé, démodé, maigre mais solidement charpenté, et d'une intelligence brillante. Il y avait chez lui de la distance et de la droiture. Sa réserve naturelle me donnait l'impression d'être gauche et excessive. Je redoutais qu'il ne m'aime pas vraiment et soit trop poli pour l'avouer. Je m'imaginais qu'il obéissait à toutes sortes de règles personnelles, de tabous cachés que je transgressais constamment. Ma sensation de malaise accroissait l'intérêt que je lui portais. Une seule chose animait ses traits, réchauffait son attitude glaciale : le communisme soviétique."

"J'avais grandi convaincue du caractère ordinaire de ses activités quotidiennes, mais à présent, de retour après une longue absence, loin de mes préoccupations londoniennes, je trouvais exotique d'avoir un père pour qui le surnaturel représentait la routine, qui allait travailler tard le soir dans un magnifique temple de pierre, les clés de la maison dans sa poche, pour remercier, louer ou implorer un dieu en notre nom." (papa est évêque...)

Note finale
3/5
(cool)

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