vendredi 27 mai 2016

Le Peigne de Cléopâtre, Maria Ernestam

Le Peigne de Cléopâtre a été reçu dans le cadre d'un abonnement à Livre-moi, qui s'était montré mitigé (Ici ça va ayant été une déception, et Comme tous les après-midi s'étant montré plus convainquant). On en était donc à 1-1, balle au centre. Voici le dernier roman de la série, qui décidera de mon jugement global. 



Le synopsis

Trois amis, Mari, Anna et Fredrick, décident de s'associer pour monter une société ayant vocation à résoudre les problèmes des gens, Le Peigne de Cléopâtre.
Cependant, la première affaire qui leur est soumise n'est pas banale : Elsa Karlsten, vieille dame voisine d'Anna, les sollicite pour éliminer son époux, un homme violent et odieux qui la maltraite depuis des années.

Mon avis

Le Peigne de Cléopâtre est un livre des plus déconcertants.

Le topo initial est sublimissime, à faire se pâmer d'impatience tout lecteur curieux tant il est alléchant: l'idée d'une entreprise ayant pour vocation de résoudre les problèmes des gens est, comme on dit, une riche idée, un point de départ prometteur et propice à dérouler toute une série de rebondissements formidables.
Les premières pages sont d'ailleurs très engageantes : dans la scène d'introduction, on rencontre une Mari fulminante qui perd son sang-froid, et plante une paire de ciseaux dans la main de son associé en train de la licencier.
Du pur génie.

C'est alors que se matérialisent les figures d'Anna et Fredrick, encore vaporeuses et floues à ce stade, mais qui permettent d'enclencher l'idée de l'entreprise commune : on a alors toutes les raisons de croire que l'on est tombé sur la perle de l'année, et que le reste de l'oeuvre ne peut être, partant, qu'un chef d'oeuvre.

Les choses ne se passent pourtant pas comme prévu : il y a cette Madame Karlsten qui vient mettre de l'eau dans le gaz, en soumettant d'entrée de jeu un cas insoluble à notre petit trio à peine sur pied. On aurait aimé les voir se confronter à quelques affaires moins épineuses, histoire de se faire la main, de gagner un peu d'assurance. Mais non, Maria est d'humeur joueuse et leur balance directement dans les pattes un contrat digne d'un tueur à gages.

Jusque-là, tout est encore possible ; le choix de Maria est audacieux, mais enfin, pourquoi pas, il faut voir les choses en grand, et avoir de l'ambition! On suit donc avec une certaine inquiétude les débats animés entre nos trois protagonistes (parce que, oui, la question mérite visiblement d'être débattue), et le mystérieux décès de Monsieur Karlsten qu'on ne saurait leur imputer. Le sort est arrangeant, et nous offre sur un plateau un premier mystère à résoudre.

Puis, les événements s'emballent, et la suite devient de plus en plus rocambolesque. Il faut dire que ce premier succès a pour effet de voir affluer de nouvelles propositions. C'est à partir de là que j'ai perdu le fil, et que le charme s'est rompu : l'auteur s'évertue à "creuser" les personnalités de ses protagonistes en leur consacrant des passages entiers dans lesquels il est question de leur passé, de leurs fêlures, de leur quotidien également. Mari comme Fredrick cachent des secrets enfouis derrière une apparente banalité, voire insignifiance, tandis qu'Anna, plus solaire, dévoile directement ses points saillants, et se montre aussi plus liante pour le lecteur : c'est sans doute celle qui m'a le plus convaincue des trois. Fredrick est très intéressant, en revanche je n'ai pas ressenti la moindre empathie pour Mari, qui est demeurée à mes yeux une coquille vide, un personnage en demi-teinte, et ce en dépit des efforts engagés par l'auteur pour la rendre singulière.
Par ailleurs, l'importance accordée à certains "traumatismes" passés des protagonistes est tout à fait surprenante (étonnants, ces Suédois!).

Aussi, je dois reconnaître que, parvenue à mi-parcours, le livre m'est quasiment tombé des mains. Ce que je regrette amèrement, lorsque je pense aux espoirs que je nourrissais en débutant la lecture.

Mon sentiment final est donc très mitigé. Le Peigne de Cléopâtre me donne l'impression d'être construit sur une idée de base brillante, dont l'auteur a mal tiré profit, optant pour des personnages parfois bancals, et une intrigue qui s'essouffle rapidement, jusqu'à ne plus reposer que sur des "mystères" peu incitatifs pour poursuivre la lecture. C'est très dommage...


Pour vous si...
  • Vous ne vous agacez pas face à une intrigue un brin décousue
  • Vous ne supportez pas que l'on fasse du tort à des lapins

Morceaux choisis

"_Regarde-toi, assis là, gras, dégoûtant. Imbu de ta personne. Pour qui tu te prends, à m'annoncer de ton fauteuil que tu es promu directeur? Tu fais le timide, mais au fond, tu exultes! Tu te dis que c'est bien mérité et tu te fous complètement de moi, alors que tu sais que tu me dois tout! C'est répugnant, Johan. Le monde est ce qu'il est à cause de minables comme toi. Des types présomptueux, égoïstes, dénués d'intelligence, qui se paient la tête du monde et exploitent le talent des femmes. En plus, tu as le culot de jouer le mec compréhensif." (attention catharsis)

"Fixant l'objet du regard pendant plusieurs minutes, elle avait eu l'impression de flotter hors du temps. Soudain, un petit carton explicatif l'avait tirée de sa rêverie. Il y était écrit que si le peigne avait bien appartenu à une Cléopâtre haut placée en Egypte, il ne s'agissait pas de la célèbre, de l'éternelle régente. En lisant ces mots, la fascination qu'elle venait d'éprouver lui sembla brusquement insensée. Elle avait eu l'étrange sensation que le temps s'était suspendu, jusqu'à ce qu'un simple bout de papier la ramène brutalement sur terre : l'objet qui venait de la bouleverser n'était rien de plus qu'un vieux bout d'os."


Note finale
2/5
(quelques réserves)

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