lundi 6 juin 2016

La déposition, Pascale Robert-Diard

Voici le deuxième livre abordé dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle : La déposition, qui raconte le procès de Maurice Agnelet, une des grandes affaires criminelles du XXe siècle.



Le synopsis

La déposition retrace le procès de Maurice Agnelet, accusé du meurtre d'Agnès Le Roux, disparue à l'automne 1977, et se concentre notamment sur les révélations faites par Guillaume Agnelet, le fils de l'accusé, ainsi que sur le déchirement de la famille unie autour d'un odieux secret. 

Mon avis

L'affaire de la disparition d'Agnès Le Roux m'était, avant d'entreprendre la lecture, fort étrangère, et constituait précisément le genre de fait divers pour lequel je ne nourris d'ordinaire qu'une appétence modérée (voire nulle).

L'auteur a cependant su capter mon attention, et ce dès les premières pages, en dévoilant l'élément clef qui a motivé l'écriture de La Déposition : sa proximité avec Guillaume Agnelet, et son accès privilégié à son témoignage.

Partant, le livre assume un parti pris notable, accordant un crédit important aux déclarations du fils, à l'aune desquelles le portrait de Maurice Agnelet est brossé, et le jugement rendu.

Ainsi, l'affaire est reconstituée à mesure que le procès se déroule, et l'auteur intègre sa vision de journaliste, à travers les scènes issues du tribunal et l'analyse qu'elle peut faire des différents témoins appelés à comparaître, et, bien entendu, de Maurice Agnelet.
Ce dernier apparaît comme un homme féroce, doté d'un sang-froid terrifiant, et la peinture qui est faite de son ex-femme et mère de Guillaume n'est pas non plus des plus tendres : le climax est sans doute atteint lorsque Guillaume témoigne au tribunal, et est confronté à ses parents qui l'accablent et n'hésitent pas à le taxer de déséquilibre mental, d'instabilité émotionnelle.
Face à lui, ces figures font frémir, des malfrats en guise de parents, un meurtrier et celle qui, par son silence et la défense qu'elle fournit, s'érige en complice. C'est en tout cas ce qui transparaît dans le ton adopté par l'auteur, dans les mots choisis, dans la façon dont l'intrigue évolue.

La déposition est un livre extrêmement bien structuré, à la progression haletante, qui mêle avec brio éléments factuels et affect, et actualise un fait divers sordide, en cherchant en chacun des protagonistes l'humanité enfouie.

Si vous êtes amateur du genre, je vous enjoins vivement à vous le procurer.


Pour vous si...
  • Vous êtes un inconditionnel d'"Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers"
  • ...Ou, de "New York, police judiciaire"

Morceaux choisis

"La cour d'assises est un lieu d'apartheid. Il y a le côté blanc, celui des victimes, à tout le moins celles et ceux qui demandent à la justice de les reconnaître comme telles, et le côté noir, celui de l'accusé. Par cercles concentriques, cette séparation s'étend aux familles, aux amis des deux parties qui ne se mélangent pas sur les bancs du public. Leur travée leur sert d'infranchissable frontière."

"Est-ce la même femme qui m'avait fait si forte impression devant la cour cinq jours plus tôt et qui me fait désormais frémir? Cette mère que je croyais forteresse, que j'avais plainte et estimée, la voilà qui distille un lent poison contre son fils. Le même que Maurice Agnelet. Elle lui ressemble, comme elle lui ressemble à cet instant-là!"


Note finale
4/5
(très bon)

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