jeudi 2 juin 2016

Une allure folle, Isabelle Spaak

La récompense se déclinait aussi en une participation au Grand Prix des Lectrices de Elle, qui débute dès à présent, et dans le cadre duquel j'ai donc reçu sept livres à chroniquer d'ici le 20 juillet.
J'ai choisi de commencer par un roman dans la couverture et le titre m'inspiraient fort, en plus ça se passe en grande partie en Belgique, et tout le monde aime la Belgique. 



Le synopsis

La narratrice raconte sa grand-mère Mathilde et sa mère Annie, deux femmes qui ont traversé leur temps et vécu dans une certaine marginalité (toute relative bien sûr), Mathilde ayant épousé un italien fortuné alors qu'elle était enceinte d'Annie, qui longtemps a porté le poids de son origine inconnue. 

Mon avis

Une allure folle est un roman sympathique, dont le plus grand mérite est de retracer le parcours de deux femmes qui aspirent à une liberté plus grande que celle dont elles peuvent jouir, étant donnés l'époque et le milieu dans lesquels elles évoluent.

Mathilde, tout d'abord, est une femme qui profite de ce qui se présente à elle, de ce que la vie a à offrir, quitte à devoir ensuite user de subterfuges pour ne pas perdre la face et maintenir le voile de décence que son milieu exige.
Annie, moins excentrique et plus sage sans doute aussi, apprend ce que sa mère a tramé une fois qu'elle est adulte, et est alors mise au pied du mur, découvrant à cette occasion que l'homme qu'elle a toujours considéré comme son père ne l'est pas.
La description des relations entre Mathilde et Armando Farina est intéressante, et fait état des hauts et des bas que l'on peut imaginer dans tout couple, cette fois-ci insérées dans le contexte si particulier de la guerre, qui éloigne les époux pendant des années.

Au-delà de l'histoire, il faut souligner que l'entreprise menée par l'auteur est une entreprise biographique qui s'inscrit dans un cadre et une portée avant tout familiale : la figure de Mathilde m'a paru fascinante, celle d'Annie un peu moins colorée, mais l'on sent à la lecture l'attachement que l'auteur porte à ces personnages qui ne sont pour nous que personnages de romans, on appréhende la curiosité avec laquelle elle remonte le fil de leurs vies, avide d'en savoir plus, de les rejoindre à travers le temps qui a passé, irrévocable ; c'est cela qui est le plus touchant.

En refermant le livre, j'ai donc été happée par le même sentiment qu'à la fin de la lecture d'Appartenir, alors que l'histoire est tout autre : on est traversé par l'émotion de l'auteur, donc on pressent que la démarche est authentique, pour autant, cette démarche est avant tout personnelle, et l'on peut, à mon sens, interroger la pertinence qu'il y a à le constituer un objet de littérature pour un lecteur extérieur au cercle familial.


Pour vous si...
  • Vous êtes amateur de récits familiaux, où l'auteur devient le narrateur et restitue les éléments collectés au cours de ses recherches, et exhumés de sa mémoire

Morceaux choisis

"Mathilde, la moquée, Mathilde, la disputée, Mathilde, la déjantée, Mathilde et ses frasques, ses amants, ses caprices, son inconstance, Mathilde la mise de côté à laquelle maman ne voulait surtout pas ressembler, Mathilde disparaissait et, avec elle, contre toute attente, la colonne vertébrale de ma mère. C'est cela que j'aurais dû comprendre."

"Et je réalise que maman a fini par succomber avant même de se marier. Maman si prude, si traumatisée par l'expérience de Mathilde, maman qui m'appelait ma zizou quand elle se faisait un sang d'encre, maman lui a offert son trésor." (#awkward)

"De bonnes manières, une joie de vivre épatante, une allure folle, comme elle disait à propos d'autres femmes trouvées belles, beaucoup d'allant et d'élégance mais une disposition prodigieuse à tout envoyer valdinguer, ses enfants, ses maris, la bienséance, les lâches, les complaisants. Maman était ainsi, très forte et complètement démunie."

"Et je continue de trouver vaguement ridicule et même embarrassant pour un adulte de parler de sa mère en disant "maman". Non de l'appeler "maman" en sa présence ou d'écrire ce mot. Mais de le prononcer à voix haute. Il est trop intime pour être dit. Trop précieux. Pas partageable."


Note finale
2/5
(pas mal)

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