lundi 11 juillet 2016

Le marin de Gibraltar, Marguerite Duras

Je vais vous ôter les mots de la bouche : et oui, encore Duras!
Et le pire, c'est qu'il m'en reste encore quelques-uns sur la PAL qui devraient m'occuper un moment. Bon, je vais sans doute faire une pause après Le marin de Gibraltar, il faut laisser leur chance aux autres classiques.
En attendant, en mer les amis.


Le synopsis

Un homme rompt avec sa compagne, et rencontre une autre femme sur un bateau, dont il s'éprend. Cette femme cherche à travers le monde le marin de Gibraltar, qu'elle a naguère aimé et qui a disparu. L'homme décide de l'accompagner et de lui apporter son aide, tout en sachant que le retrouver sonnerait le glas de leur romance. 

Mon avis

J'ai beaucoup aimé le cadre et l'intrigue du Marin de Gibraltar, qui m'ont semblé très romanesques, en particulier de par les thèmes que le roman aborde et explore : il est question d'amour, bien sûr, d'une recherche insensée et absolue, de ce que l'existence offre, de ce que l'on choisit d'en faire.

La première partie nous présente le narrateur, en voyage à Florence avec sa compagne Jacqueline, et la lenteur qui s'est installée dans leur couple, doublée d'une exaspération continue, la nécessité bientôt indiscutable de rompre, et la réaction attendue de Jacqueline.

Entre bientôt en scène le personnage d'Anna, cette femme qui fascine et envoûte immédiatement le narrateur, et avec laquelle naît rapidement une nouvelle idylle.
La relation entre les deux protagonistes évolue, naturellement, au fil du récit, se décline à mesure que les villes défilent, car le narrateur s'engage aux côtés d'Anna dans sa quête, et parcourt les mers avec elle, explorant Sète, Tanger, Abidjan et Léopoldville.

L'écriture de Duras a quelque chose de dépouillé : elle ne se perd pas en lyrisme et en interminables descriptions paysagères, ses phrases sont courtes et vont droit au but, elles n'ont rien d'ampoulé ou de maquillé.
Pour autant, on n'est pas bien sûr dans une prose qui tient en haleine, et certains lecteurs seront sans doute désarçonnés par l'apparente inaction, car il est surtout question des faits et gestes, des allées et venues des personnages que l'on épie. Peu à peu, de nouvelles figures surgissent et se mêlent à l'intrigue, apportent un nouveau regard, une nouvelle attitude, une nouvelle disposition à l'existence.

Les liens entre les protagonistes se nouent, s'effilochent, se nuancent, et les villes défilent toujours, l'intrigue nous porte jusque au cœur du Congo, où l'on croit que le marin se sera retiré.

L'issue est étonnante, on pourrait croire qu'elle laisse en suspens les interrogations que le récit a fait naître et qui ont été nourries à chaque page. A moins que l'on ne se contente d'y voir une trêve, la chance pour l'amour de se prolonger encore.

Le roman se définit avant tout par l'atmosphère qui s'en dégage, et cette quête irrationnelle qui brasse des réflexions philosophiques essentielles. De port en port, les journées des protagonistes sont empreintes de la chaleur caniculaire, de l'alcool à toute heure, de l'amour passionnel qui rythme le voyage.
Tout cela est troublant et presque mélancolique.
Ce qui vaut bien un détour, n'est-ce pas?

Pour vous si...
  • Vous n'êtes plus à un verre de whisky près
  • Vous êtes aussi à la recherche de votre propre marin de Gibraltar

Morceaux choisis

"_Encore une demi-heure, encore vingt minutes, encore quinze minutes, et tu las verras.
Il voulait dire la ville. Mais il aurait pu parler, tout aussi bien, d'autre chose, de je ne savais quel bonheur. J'étais si bien, assis à côté de lui, dans le vent, que je serais bien resté là pendant une heure encore. Mais il était, lui, si impatient de me montrer l'arrivée sur la ville que son désir l'emporta vite sur le mien. Très vite je fus aussi impatient que lui d'arriver à Florence."

"Je me demandais si ce n'était pas une solution que de voyager ainsi, de ville en ville, en se contentant de copains de rencontre, comme lui. Et si, d'avoir une femme, ce n'était pas, dans certains cas, superflu."

"J'étais un homme précisément fatigué par la vie. Un de ces hommes dont le drame a été de n'avoir jamais trouvé de pessimisme à la mesure du leur."


Note finale
3/5
(cool)

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