mardi 10 janvier 2017

Le maître et Marguerite, Boulgakov

Le retour tant attendu des classiques...
Pour bien commencer l'année, je me suis fiée à la blogosphère, qui porte aux nues la grande oeuvre de Boulgakov, Le maître et Marguerite.
J'avais l'impression qu'il y avait même un petit côté SM, ça ne gâchait pas mon entrain. 
Bon en fait c'était pas tout à fait ça non plus, donc, chers disciples de Christian Grey, il faudra repasser une autre fois.


Le synopsis

A Moscou, Berlioz et Ivan Biezdommy croisent la route d'un inconnu, Woland, et débattent de l'existence de Dieu et du Diable. La conversation se clôture sur une prédiction que Woland adresse à Berlioz, selon laquelle il mourra décapité. Sinistre prédiction qui se réalise quelques minutes plus tard, lorsque Berlioz est fauché par un tramway et que sa tête est coupée lors du choc.
En parallèle, l'histoire du Maître nous est contée, un homme qui a écrit un roman sur Ponce Pilate, et s'est isolé du monde et de Marguerite, la femme qu'il aime plus que tout. 

Mon avis

Résumer Le maître et Marguerite est une gageure... Le roman est multiple, les intrigues se superposent, s'enchevêtrent, et l'on ne sait jamais trop dans quel registre on se trouve. Conte fantastique? Satire sociale? Fable romantique? Tout y est, de sorte que le lecteur perd ses repères et peut être déstabilisé par ce récit inhabituel.

Ma sagacité m'a naturellement conduite à identifier l'influence de Faust (au bout de 100 pages, ça n'a pas non plus été immédiat, ne nous affolons pas...), mais l'auteur s'en détache, et crée un roman foisonnant, où l'on évolue entre Moscou et Jérusalem, et où le mal est synonyme d'une certaine fougue, d'une fièvre, d'une folie dont on ne sait si elle nous rebute profondément ou si elle nous attire...

Et puis, pardonnez la mièvrerie, mais cette histoire d'amour, quelle histoire d'amour! Il faut attendre la troisième "partie" pour que le personnage de Marguerite prenne toute son envergure, mais alors, on n'est pas déçu. Certaines scènes, comme celle où elle est reine du bal et doit manifester son intérêt pour chacun des criminels qui l'entourent, sont visuelles et marquantes, et nous emportent loin de ce que l'on peut connaître par ailleurs, tant le style flirte avec le fantastique.

Le maître et Marguerite offre une expérience de lecture qui m'a paru inédite, à laquelle je ne m'attendais pas, intense et décoiffante.

Visiblement, le roman aurait notoirement inspiré les Versets sataniques, le chef d'oeuvre de Salman Rushdie qui est sur ma PAL depuis un bon moment... Je vous en dirai plus une fois que je l'aurai lu. En attendant, ne manquez pas la MasterClass de Salman Rushdie autour de la création littéraire...


Pour vous si...
  • Vous avez toujours cru que la Pythie de Delphes était le plus grand personnage historique/mythologique qui soit, et les prédictions de toutes sortes vous fascinent
  • Vous trouvez Faust un peu poussiéreux, et liriez bien une version plus moderne, dans l'URSS des années trente, par exemple...

Morceaux choisis

"Suis-moi, lecteur! Qui t'a dit que l'amour véritable, fidèle, éternel, cela n'existait pas? Le menteur, qu'on lui coupe sa langue scélérate!" (voilà un châtiment peu clément...)

"Pourquoi suis-je posée là telle une chouette, toute seule au pied de la muraille? Pourquoi suis-je exclue de la vie?"

"Lui n'y était pas aujourd'hui, mais cela n'empêchait pas Margarita Nikolaïevna de discuter en esprit avec lui : "[Si tu es déporté, pourquoi donc me laisses-tu sans nouvelles de toi? Car les gens sont informés, tout de même.] Est-ce que tu ne m'aimes plus? Non, je ne sais pas pourquoi, mais je ne le crois pas. Donc tu as été déporté et tu es mort... Alors, je t'en prie, lâche-moi, laisse-moi enfin libre de vivre, de respirer!" Margarita Nikolaïevna se fit à elle-même la réponse : "Tu es libre... Est-ce que je te retiens?" Puis elle lui répliqua : "Mais non, quelle réponse est-ce là? Non, il faut que tu sortes de ma mémoire ; alors je serai libre". "

"C'est ainsi que l'envie m'est venue de vous montrer votre héros. Voilà presque deux mille ans qu'il dort, assis sur cette plate-forme ; mais quand arrive la pleine lune, il est, comme vous le voyez, tourmenté par l'insomnie. Il n'est pas le seul à en souffrir : son chien en souffre aussi, son fidèle gardien. S'il est vrai que la lâcheté est le plus grave de tous les vices, on ne saurait, en tout cas, la reprocher au chien. La seule chose que craignait le courageux animal, c'était l'orage. Mais que voulez-vous, celui qui aime doit partager le sort de l'être aimé."


Note finale
3/5
(cool)

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