jeudi 16 février 2017

Légende, Sylvain Prudhomme

On m'avait recommandé de lire Les grands, de Sylvain Prudhomme. Comme je n'en fais qu'à ma tête, j'ai lu Prudhomme, oui, mais pas ce roman-là. 
Quelle badass. 


Libres pensées

Matt est entrepreneur, et se consacre, à ses heures perdues, à la réalisation de films. Il est l'ami de Nel depuis des années, photographe issu d'une famille de bergers.
Lorsqu'ils décident de réaliser un film ensemble, l'intérêt de Matt se porte sur les deux cousins de Nel désormais disparus, Christian et Fabien.

Le récit que tisse Sylvain Prudhomme est ancré dans un territoire, dans une terre qui jouerait presque le rôle de personnage à part entière, la Crau, dans le pays d'Arles, un lieu aride et néanmoins imprégné d'histoires et de souvenirs.
Il y a, ensuite, le lien fraternel entre Christian et Fabien, deux figures entremêlées et pourtant très distinctes, deux frères maudits, en quelque sorte, qui, chacun à sa manière, vit intensément et se consume sans ménagement.

L'auteur aborde de nombreux thèmes, avec simplicité, dans une langue franche qui retient le lecteur, on se laisse porter par les pérégrinations et Nel et Matt et les parcours parfois cabossés de Christian et Fabien, dans l'atmosphère de la fin du XXe siècle empreinte d'une douce nostalgie.

La lecture de Légende ne m'a pas profondément bouleversée, il est vrai, souffrant probablement de venir après une lecture relativement envoûtante, néanmoins elle est plaisante et propice à éveiller la mélancolie.
Tout à fait de saison, donc. 

Pour vous si...
  • Vous êtes sensible au cachet suranné qui se dégage de certains récits.

Morceaux choisis

"Ça l'avait frappé à la radio : la profonde nostalgie des témoins. L'espèce de mythe que tous s'accordaient à saluer quarante ans après. Répétant paradoxalement qu'alors personne ne s'en rendait compte. Que précisément tout tenait à cela : la parfaite inconscience collective de ce qui se passait. L'absence d'autre préoccupation que de s'amuser avec ceux qui étaient là, d'où qu'ils puissent bien venir, quel que puisse être leur âge, leur métier ou leur absence de métier, leur célébrité ou leur parfait anonymat."

"Il avait songé à toutes les années vécues par ses cousins. A tous les jours et à toutes les nuits où leur coeur avait continué de battre sans faillir, leurs poumons de s'emplir d'air, leurs mains de toucher, leurs bouches d'embrasser, leurs narines de sentir. A toute la lumière entrée pendant près de quarante ans dans leurs yeux. A tous les paysages imprimés sur leur rétine. Tous les corps serrés dans leurs bras. Aux milliers d'images captées et souvenues par leurs yeux pour qu'à la fin tout s'arrête, s'éteigne, soit ramené entre quatre planches, disparaisse sous le couvercle scellé de ces deux boîtes au milieu d'un salon."

Note finale
3/5
(cool)

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