jeudi 30 mars 2017

Une petite robe de fête, Christian Bobin

Comme vous le savez sans doute, je voue un culte à Christian Bobin, que j'aime et que j'adore. Et comme je suis un être doué de raison, je rationalise, et ne m'autorise que de temps en temps une "dose", à savoir, la lecture d'un de ses merveilleux ouvrages.
Le hasard a fait que l'heure d'Une petite robe de fête était venue. 


Libres pensées...

><
Je ne sais pas trop comment verbaliser autrement ce qui ressemblerait presque à une déception (qui l'eut cru?).
Il faut dire que j'avais des attentes, et pas n'importe lesquelles.
Sur la blogosphère, il suffit de se baisser virtuellement pour ramasser virtuellement une chronique élogieuse, voire dithyrambique, au sujet de ce livre.
Etant donné mon amour passionnel et flamboyant pour l'oeuvre de Christian, autant vous dire que j'avais des étoiles dans les yeux, et qu'en ouvrant le-dit livre, j'avais l'impression qu'il pleuvait des paillettes et que le prosecco coulait à flot, dans un monde où Excel ne serait pas une source de revenu et où il ne serait pas socialement mal accepté de passer ses journées en pyjama dans son salon.

Et soudain, l'impensable, l'improbable, l'invraisemblable s'est produit.
Les mots se sont succédés. Puis les pages. J'ai bientôt fini par passer de l'une à l'autre dans un état proche de l'hystérie, que dis-je, de l'hystérie, du désespoir.
Et puis, naturellement, je me suis pincée le bras (comme dans les livres ou dans les films, ce truc que l'on ne fait jamais en fait dans la vraie vie), je me suis infligée une baffe, j'ai déversé de l'eau bouillante sur mes pieds, j'ai écouté Maître Gims à fond, rien n'y a fait : je n'étais plus sensible à la poésie de Christian.

Ce n'est pas facile, vous le devinez, de vous parler de ça aujourd'hui. Le choc est encore récent, la plaie est à vif, je ne sais pas du tout si je pourrais m'en remettre un jour, ou si ma vie désormais sera condamnée à n'être qu'un morne enchaînement de jours sans saveur.
Quand je pense à Noireclaire...
Quand je pense à La folle allure...
Je m'égare, c'est trop dur.

C'est un peu comme ce moment, dans une parfumerie, où l'on se rend compte qu'on ne sent plus vraiment parce qu'on a trop senti.
Et que la seule solution pour retrouver la sensibilité, c'est de sortir faire un tour dans la rue, de s'imprégner d'odeurs nauséabondes et agressives.

Une conclusion s'impose.
C'est terrible, mais il n'y a pas d'autre solution.
Il va donc falloir que je lise quelques bouses, histoire de me remettre en condition d'apprécier l'infinie beauté et l'extrême mélodie de Bobin.
Club des Agnès, me voilà.


Pour vous si...
  • Vous n'êtes pas encore complètement désabusé, comme votre serviteuse qui est fort à plaindre. 

Morceaux choisis

"L'état de crise est l'état naturel du monde : une guerre après l'autre, une invention après l'autre, un chiffre d'affaires sur un taux de suicides, une famine sur des parfums de luxe. Dans le monde tout se mélange. Dans le monde tout va ensemble, sauf l'amour. Il ne va avec rien. Il n'est nulle part. Il manque. Il manque comme le pain dans les périodes de guerre, comme le souffle dans la gorge des mourants. Il manque comme le temps dans les jeux de l'enfance. C'est qu'il faut du temps pour aimer, tellement de temps que le temps ne suffit pas à répondre aux besoins de l'amour en nous, aux demandes en nous de la voix, du sang, du sang lacté dans la voix firmament."

"La fatigue est une des choses au monde les plus intéressantes à penser. Elle est comme la jalousie, comme le mensonge ou comme la peur. Elle est comme ces choses impures que l'on tient loin de ses yeux. Comme ces choses elle nous fait toucher terre. Le premier visage de la fatigue, dans la vie, c'est celui de la mère, c'est son visage épuisé de solitude."


Note finale
2/5
(pitite déception quand même)

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