mardi 18 juillet 2017

Le Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Après une lecture en demi-teinte, dirigeons-nous vers ce qui pourrait entrer dans la catégorie des classiques, un roman ayant connu un certain rayonnement depuis sa parution, et dont l'adaptation cinématographique fait partie des incontournables : j'ai nommé, Le guépard.
Et contre toute attente, je suis au regret de vous annoncer qu'il n'y est pas question d'animal. 


Libres pensées...

Dans les années 1860, la Sicile connaît des transformations politiques importantes qui ébranlent l'ordre établi sur l'île. La famille Saline fait partie de l'aristocratie locale, et se voit particulièrement affectée par ces changements. Le Prince, Don Fabrizio, est peu à peu dépassé par les événements, et assiste à la fin de son monde, avec l'ascension de don Calogero Sedara, un nouveau riche avec lequel il s'allie à travers le mariage de son neveu, Tancredi Falconeri, avec Angelica Sedara.

Je me suis trouvée désarçonnée par Le guépard, un roman foisonnant aux phrases interminables, qui dit la fin d'un ordre et le début d'autre chose, un peu à la façon de La Cerisaie, mais dans un registre très différent.

L'auteur dresse un tableau fourni de cette noblesse qui se languit et se meurt, face à l'énergie et au sens des affaires de parvenus qu'elle regarde avec une circonspection mêlée de dédain et d'envie. De même que les filles Salina, à un âge avancé, s'imaginent vivre toujours dans un lustre qui ne s'est pas affadi, Salina se sent et se sait appartenir à l'ancien ordre, et verse peu à peu dans une douce nostalgie, loin du monde agité qui pourtant le courtise un temps, et lui offre la possibilité de se maintenir dans sa position de notable, par le biais d'un poste de député.

Les figures de Tancredi et d'Angelina, de par leur beauté, leur vitalité et leur aisance à s'adapter dans ce nouveau monde qui s'offre à eux, celles du Prince et de ses filles tranchent, demeurent en retrait, manquent les opportunités qui se présentent. Le Prince lui-même signe la défaite de sa fille Concetta, que Tancredi convoitait jadis, jugeant le parti représenté par Angelica plus bénéfique pour son neveu.

La prose est à l'image de ces temps révolus, elle s'étend, son raffinement semble suranné au lecteur d'aujourd'hui, sa richesse presque intimidante, car elle rend la lecture exigeante. C'est en tout cas le sentiment qui m'a envahi au fil des pages, celui de jours qui s’égrènent lentement, alors qu'au-dehors, tout s'affole. La demeure et la famille Saline sont figées, immobiles, se parent d'un luxe au charme désuet, et sont incapables de lutter contre les mutations qui s'opèrent autour d'eux.

Le guépard laisse comme une amertume, un sentiment de fatalité, mais peut aussi se lire, à mon sens, comme une satire sociale, une critique d'une classe autrefois dominante qui perd ses privilèges et se referme sur elle-même, désireuse de choyer l'image de sa grandeur d'antan.


Pour vous si...
  • Vous nourrissez une passion virulente pour la science héraldique ;
  • Vous vous délectez des longues phrases un peu proustiennes.

Morceaux choisis

"Ce furent là les plus beaux jours de la vie de Tancredi et d'Angelica, des vies qui allaient être par la suite si variées, si pleines de péchés sur l'inévitable fond de douleur. Mais ils ne savaient pas alors et ils poursuivaient un avenir qu'ils estimaient plus concret bien qu'il se trouvât après coup uniquement fait de vent et de fumée. Quand ils furent devenus vieux et inutilement sages, leurs pensées revenaient à ces jours-là avec un regret insistant : ces jours avaient été ceux du désir toujours présent parce que toujours vaincu, des lits, nombreux, qui s'étaient offerts et qui avaient été repoussés, de l'aiguillon sensuel qui, jugement en raison de son inhibition, s'était, un instant, sublimé en renoncement, c'est-à-dire en véritable amour."

Note finale
2/5
(pas mal)

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