jeudi 24 août 2017

Le palais du paon, Wilson Harris

Cet été, vous êtes peut-être tombé·e·s sur cette infographie, détaillant 150 "iconic books" dans de nombreux pays du monde. En ce qui me concerne, cela a été l'occasion de constater que nombre des auteurs et romans cités m'étaient inconnus, ce qui est toujours à la fois excitant - que d'heureuses perspectives! - et démoralisant - je n'aurais jamais le temps de lire tout ça / je suis inculte. 
Conséquence immédiate : ma PAL s'est soudainement enrichie de noms aux sonorités exotiques. 
Le palais du paon était présenté comme un ouvrage "iconic" associé à la Guyane, j'ai décidé de commencer par là.


Libres pensées...

Un groupe hétéroclite d'aventuriers part dans la forêt amazonienne à la recherche du palais du paon, un lieu mystérieux qui fait figure d'Eldorado.

En débutant la lecture du Palais du paon, il n'est pas aisé de se figurer où l'on se trouve, et qui sont vraiment les personnages en présence. A mon sens, le récit marque par sa poésie, et les nombreuses évocations dont il est tissé, mais à l'instar de certains textes de Nerval par exemple (dans un ton complètement différent), on ne sait jamais véritablement où se trouve la frontière entre le réel et l'imaginaire.

Car les forces de la nature sont personnifiées, ou plutôt, déifiées, et semblent bien réelles, car elles influencent le cours des événements, et le sort des personnages de chair et d'os.
Par ailleurs, la langue se prête à cette atmosphère étrange, brumeuse, tressée d'onirisme, à la limite du mysticisme, elle berce comme un bateau, suit son propre rythme, élève ses propres images. Les descriptions, très poétiques et littéraires, tranchent avec l'oralité des dialogues, qui ancrent le récit dans une réalité physique et bien souvent, dangereuse.

A travers cette quête qui s'apparente à un récit initiatique, dans laquelle les protagonistes vont affronter jusqu'à la mort, l'auteur aborde les thèmes du voyage et de l'identité, conduisant le lecteur à aller au-delà du signifiant du texte, à déceler la part de magie qui apporte du sens (l'auteur étant proche du courant du réalisme magique, qui se développe à l'époque en Amérique du sud).

Le leitmotiv de la vue, de l'oeil sain et de l'oeil aveugle, ajoute à la poésie du roman, et n'est pas sans évoquer le poème d'Hugo, La conscience. Non que l'auteur s'en soit inspiré particulièrement, je pense, mais en ayant le poème à l'esprit, on appréhende l'intrigue sous un oeil encore nouveau (justement).

Bref, Le palais du paon est un récit qui m'a déroutée, mais qui se distingue par sa richesse et son style.

Pour vous si...
  • Vous êtes un adepte du réalisme magique

Morceaux choisis

"Dans cette lumière, il semblait que la lumière de tous les jours et de toutes les nuits passées sur la terre avait disparu. La lumière de notre âme connaissait sa première aube."

"Une seule pensée l'arrimait toujours à l’échafaudage : c'était la clarté implacable avec laquelle il regardait en lui, avec laquelle il voyait que, de sa vie, il n'avait jamais aimé que lui. De toute la force de son repentir, il braque son œil aveugle sur cette étoile, sur ce reflet minuscule, comme on contemplerait au vide de soi-même l'amour et l'instinct de conservation bien plus forts et qui ont fait l'univers."

Note finale
3/5
(cool)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire