mercredi 13 septembre 2017

Dragonville, Michèle Plomer

Petite incursion dans la saga d'une auteur canadienne, passionnée par la Chine...



Libres pensées...

En 1910, en Chine, Li est le fils d’une opiomane, réputé pour sa grande beauté. Il attire les regards des femmes et nourrit les rumeurs, jusqu’à ce que sa route croise celle de Lung, dragon-femme qui tombe sous son charme.
Un siècle plus tard, en 2010, Sylvie rentre au Québec après avoir vécu en Chine, et décide de rénover une ancienne blanchisserie sur les murs de laquelle elle découvre des inscriptions dont elle devine qu’elles sont chinoises. Elle décide de convaincre Jean, chargé de la rénovation, de remettre à plus tard la destruction de la fresque, et essaie de percer le mystère de ces étranges idéogrammes.

L’intrigue imaginée par Michèle Plomer est avant tout rafraîchissante, car elle est assez atypique. Le retour de la protagoniste, Sylvie, dans la demeure familiale, après un séjour à l’étranger est un thème assez fréquent dans la littérature (le retour aux origines, la réflexion sur les liens et l’histoire familiale), néanmoins l’intrigue située en 1910 l’est beaucoup moins, et présente cette originalité de fixer le récit dans une dimension fantastique, à travers le personnage du dragon-femme, Lung, qui s’éprend de Li et change le cours de sa trajectoire, et qui contribue à instaurer une atmosphère singulière et envoûtante. 

Les chapitres alternés permettent la progression parallèle des deux intrigues ; néanmoins, le rythme demeure relativement lent, ce qui distingue le récit de ses comparses épiques. 

En outre, si les personnages secondaires semblent parfois caricaturaux (à l’instar de Madeleine, l’agent immobilier qui cherche à convaincre Sylvie de vendre sa maison familiale et ne montre aucun scrupule pour parvenir à ses fins), les personnages principaux sont en revanche réussis, dévoilant chacun une fragilité qui les rend attachants, notamment à travers leurs relations familiales.  

Le style est fluide ; j'ai cependant été déroutée par certains passages parlés qui m'ont paru un peu abrupts (registre familier québécois, qui peut surprendre).     

Ainsi, la construction de deux intrigues parallèles, avec, en toile de fond, l'histoire familiale de Sylvie, contribue à apporter une densité au récit, dans lequel transparaît la passion de l’auteur pour la Chine, son histoire et ses légendes. 
Un bémol à souligner : le lien entre les deux intrigues n’est pas explicité dans ce premier tome… 
Il faudra donc prendre son mal en patience et dévorer le suivant pour en savoir plus sur ce qui lie Sylvie à Li!

Pour vous si...
  • Vous êtes persuadé que les vieilles blanchisseries recèlent des trésors sublimes ;
  • Vous adorez les dragons (RIP Viserion).

Morceaux choisis

"Une petite couleuvre s'était enroulée autour de sa cheville et l'avait chatouillée délicieusement. La couleuvre déliée avait poursuivi son chemin entre les barreaux de fer de la grille, et s'était faufilée entre les pieds des jeunes."

"Li avait hérité de ces richesses. Il s'habitait avec la désinvolture des créatures remarquables. Il émouvait avant de titiller. Il exsudait la tranquillité d'une oeuvre d'art, l'humilité de la composition parfaite. Pas besoin de criant, de feint, de faux pour attirer le regard où l’œil se pose d'emblée.
Si Li avait su qu'il était beau, il aurait dit que cette beauté ne lui appartenait pas, qu'elle n'existait que pour les autres, qu'il n'était qu'un testament au génie qui l'avait engendré."

"J'ai hésité avant de reprendre mes clés d'auto. Je n'avais pas envie d'accepter cette faveur offerte sans gentillesse. C'était les décisions du genre que je trouvais difficiles à prendre. Vendre et acheter de la marchandise, c'était de la petite bière à côté des relations humaines."

Note finale
3/5
(cool)

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