lundi 27 novembre 2017

Nos richesses, Kaouther Adimi

Après la lecture du grand roman d'Alice Zeniter, je poursuis avec un autre bijou de la rentrée littérature, toujours en Algérie, on en change pas une recette réussie.


Libres pensées...

A Alger, en 1935, un jeune homme de 22 ans, Edmond Charlot, décide d'ouvrir une petite librairie qu'il appelle Nos Vraies Richesses. Quatre-vingt ans plus tard, Ryad, 20 ans, a pour mission de vider le local qui était autrefois cette librairie, de le débarrasser de ses livres et d'en repeindre les murs pour que son propriétaire y installe une boutique de beignets. Entre les deux, le journal de Charlot nous éclaire sur l'aventure qui a été celle de Nos vraies richesses.

Le choix de l'auteur de présenter le roman comme le journal de Charlot est intéressant, et renforce le sentiment de facilité à la lecture, également servi par une écriture simple, épurée. Le fait que le roman soit de ce fait très abordable en fera un présent de choix, à l'heure des fêtes de fin d'année, d'ailleurs!

L'intrigue est construite d'une manière déroutante, car alors que l'on progresse auprès de Charlot tâchant de faire tenir debout sa librairie, l'on sait déjà que chute il y a eu, car le deuxième protagoniste, Ryad, a écoppé de la sinistre tâche de faire disparaître ce qu'il en reste au début du XXIe siècle.

Il reste néanmoins intéressant de voir à quels obstacles Charlot est confronté, d'abord durant la Seconde Guerre Mondiale, avec des périodes où il est tout simplement impossible d'éditer le moindre livre du fait de la pénurie de ressources, et en particulier de papier, et ensuite pendant la guerre d'indépendance.
L'engagement de Charlot pour les causes auxquelles il croit est manifeste, et, tout comme pour ce qui est de la librairie, il se consacre entièrement aux tâches qu'il se fixe. A cet égard, l'image qui est renvoyée de lui est celle d'un idéaliste, qui peut paraître assez jeune, voire naïf, dans certains de ses points de vue et de ses réactions. Son enthousiasme toujours débordant joue bien sûr dans cette image, et la perception que l'on a de son caractère très humaniste et bienveillant.

J'ai pris plaisir à lire Nos richesses, même si, dans une certaine mesure, j'attendais davantage de l'intrigue et de sa complexité, notamment concernant les situations rencontrées par Charlot, qui le positionnent systématiquement en homme manichéen, qui n'a guère de doute et est intrinsèquement bon et généreux. L'hommage à l'homme est touchant, mais étant donnée la période chaotique, je pensais trouver un roman plus nuancé, mettant en lumière des ambiguités et des controverses.

Le roman reste néanmoins réussi, et plaira au plus grand nombre, c'est l'avantage du parti pris consistant à ne pas créer de débat.

Pour vous si...
  • Vous cherchez une lecture instructive et pleine de bons sentiments.

Morceaux choisis

"11 septembre 1942
Les rayons de la librairie toujours vides. J'ouvre chaque jour car des amis ou des inconnus passent me voir pour parler. On y est : Les Vraies Richesses sans livres."

"1er décembre 1949
Les éditions Charlot sont mises en faillite par le Tribunal de Paris. Cruelle aventure parisienne. Echec d'une amitié collective.
Une page de ma vie vient d'être brutalement tournée."


Note finale
3/5
(cool)

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